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Affichage des articles du juin, 2014

Pour l'éternité

Elle était tout simplement splendide. Marc la regardait avec adoration en parcourant de sa main ses flancs nus, n’en croyant pas sa chance. Elle était plus belle que toutes les filles avec qui il était sorti jusque-là, assez pour poser en sous-vêtement dans un magazine pour homme, assez pour rendre ses amis jaloux. Il l’avait rencontré quelques semaines plus tôt au concert du groupe de son frère auquel Marc se rendait par pur amour fraternel – ils étaient plutôt mauvais. Il ne pouvait même pas dire qu’elle lui avait cédé par dépit ou à force d' avances persévérantes : c’est elle-même qui l’avait abordé au bar de la petite salle à moitié vide, avec un sourire timide et une main voletant toutes les dix secondes pour remettre en place une mèche de cheveux. Il lui avait payé deux whisky-coca et l’avait raccompagné chez elle. La vie était parfaite depuis. Ses caresses finirent par la réveiller. Ses yeux papillonnèrent un instant avant de se fixer sur lui et elle lui sourit te

Compte jusqu'à douze et ouvre les yeux

Elle se tenait debout au pied de l’escalier. Etrange, se dit-elle, comme ces escaliers l’effrayaient ce soir. Ils ne lui avaient jamais fait peur pourtant, même quand ils n’étaient éclairés que par les lumières orangées de la ville, comme en cet instant. Après tout, elle montait toujours ces escaliers dans le noir. Elle détestait allumer la lumière en rentrant chez eux la nuit. Le fait que l’on puisse suivre son parcours de l’extérieur dans sa propre maison, en suivant les fenêtres illuminées comme une piste de miette de pain, l’insupportait. Et puis, son mari était souvent déjà couché quand elle revenait tard du travail. Elle se tenait debout sur la première marche. Sa main droite était serrée autour de la rambarde de bois verni qu’ils avaient remplacée, entre autres nombreuses choses, en s’installant ici. C’était une belle maison. Elle et son mari l’avaient achetée en hâte, après une seule visite, quand l’agent immobilier les avait avertis qu’elle serait sûrement divisée en

Tu peux toujours courir

Le bruit était assourdissant dans le stade olympique. Le public criait et s’agitait, brandissant des centaines de drapeaux aux couleurs de leur pays, grisé par la compétition. Les entraineurs braillaient leurs instructions de dernières minutes aux coureurs survoltés qui trottinaient sur place, le regard déterminé fixé sur la piste. Des voix métalliques amplifiées débitaient sans interruption les scores, les épreuves à suivre et le nom des participants dans toutes les langues. La course précédente était toujours en train de se jouer et Leah percevait avec acuité le martèlement régulier des pieds foulant le sol de terre battue, mais elle ne parvenait pas à prêter attention au déroulement de l’épreuve ni même à se soucier de la performance de ses coéquipiers. Elle ne pensait qu’à la course à venir, sa course, sa raison d’être. Son entraineur lui répétait des conseils et des encouragements dont elle ne saisissait pas le moindre mot. Elle savait déjà tout cela. Elle s’était entra